Salut,
Un peu de chimie pour éclairer la couleurs des canons :
1 - la corrosion du bronze donne un vert de gris moins vert que la corrosion du cuivre que tout le monde peut voir sur les toits d'églises, et cette corrosion est intéressante parce que, contrairement à la rouille, elle adhère très fortement au métal, et ne progresse pas en profondeur, au contraire, elle est la meilleure des protections contre les intempéries
Cette première sorte est du carbonate de cuivre, et elle est majoritaire dans l'enduit qui se forme en milieu continental humide par l'action des pluies contenant du CO2 dissous, qui est de l'acide carbonique, au bout de deux ans, la teinte définitive s'installe et évolue peu ensuite
2 - Le milieu marin chargé en sel apporte en plus des ions chlore issus de la mise en solution aqueuse du chlorure de sodium dont l'eau de mer est saturée, ce qui ajoute au vert de gris grisé précédemment décrit du chlorure de cuivre qui a les mêmes qualités d'adhésion au support et est également imperméable, mais de couleur brune à l'état pur
Un bronze exposé aux embruns sera donc d'un vert gris plus foncé que le vert de gris des canons de campagne, sans pour autant ressembler à la teinte qu'on voit sur les cloches d'églises, plus riches en étain que le bronze des canons, et ce, pour les rendre plus sonores et surtout plus dures sous les chocs répétés du battant
Remarques :
1 - La protection efficace constituée par cette corrosion de surface naturelle fait qu'au temps de l'artillerie de bronze, personne n'aurait cherché à s'en débarrasser par quelque moyen que ce soit, et de toute manière ce travail aurait été rendu difficile par la dureté de cette couche, et inutile par le fait qu'elle se reconstituerait aussitôt à l'identique
2 - Le bronze a des propriétés de glissement y compris pour sa corrosion de surface, qui font que paradoxalement, l'âme de canon vert de grisée améliore la portée du boulet. C'est aussi pour cette raison que les bagues des bielles de nos moteurs modernes sont en bronze, aussi performant et bien moins cher à produire que des roulements en acier
3 - Tous les produits de corrosion du cuivre ou du bronze, qui est un alliage de cuivre, chlorures ou carbonates héritent de la toxicité du cuivre qu'ils contiennent, d'où l'intérêt de s'en servir pour empêcher la fixation des algues sous la carène ou celle des mousses sur les toitures
4 - Comme le cuivre forme un diélectrique avec les autres métaux à cause de sa couche électronique qui en fait le meilleur conducteur d'électricité, on ne peut pas fixer de cuivre avec des clous de fer, sous peine de voir ces derniers bouffés en milieu salin par une dissolution électrolytique, ce fut même le plus gros problème des premières coques doublées en cuivre, qui perdaient leurs plaques, ce qui favorisait la pourriture rapide du bois sous-jacent, jusqu'à ce qu'on ait eu l'idée de remplacer les clous de fer par des clous en bronze
Ceci étant posé, je reviens à la couleurs des canons de bronze :
Sur une base en laiton brillant, on utilise un jus Enamel de vert de gris mat type camouflage de char bien dilué - Mieux vaut passer à huit jours d'intervalle deux couches éclaircies, qu'une seule de pâte à modeler
Entre chaque couche, on laisse sécher au moins une semaine (pressé, s"abstenir ou partir à la pêche)
Ensuite, on brosse légèrement avec un Enamel brun moyen mat genre terre de sienne, avec une brosse presque sèche
Sur les canons à surface ouvragée, on peut finir huit jours plus tard par un effleurement chiffon avec de la dorure pâle
Retenez bien ceci : tout ce qui bave, dégouline, surépaissit ou empâte est prohibé !
L'acrylique qui oblige à préparer une sous-couche pour qu'il tienne sur le métal est à écarter pour éviter une épaisseur supplémentaire, et d'obtenir une vilaine couleur "bouchée"
Sur le SotS, je n'aime pas les canons avec sculptures, qui sont bien trop grossiers, et qui plus est, fantaisistes dans les proportions, avec leur petit cul, leurs grandes poignées hors d'échelle et leurs tulipes grotesques
Je suggère de leur substituer des fabrications lisses de bonne qualité en laiton tourné, qui restent assez bon marché, et qu'on peut même, pour les plus paresseux, laisser en l'état, le vieillissement se chargeant vite fait de leur retirer l'aspect du neuf que d'aucuns jugeraient au départ un peu "clinquant"
Voilà, yapuka, comme on dit, mais ne pas oublier, un pinceau n'est pas fait pour tartiner, et se dépêcher est le meilleur moyen de freiner un chantier !
Amitiés,
Christian