Greg,
Bien, j'ai quelques éclaircissements sur cette contradiction constatée entre deux ouvrages de Jean Boudriot.
Attention toutefois, ce qui suit est une synthèse de mon cru, une déduction qui découle de l'étude de bon nombre de documents
que je nomme des "sources mères", mais aussi de discussions passionnées et passionnantes que nous avons eu Jean-Claude (crabe)
et moi-même à ce sujet.
...
Cette cheville à mentonnet qui nous fait chauffer le bout des doigts depuis peu, était effectivement en proie aux mises aux normes
sur la période que couvre le 74 canons de Jean-Boudriot.
Nombre d'ordonnances sur cette même période,
font état et précisent que dorénavant les chevilles à mentonnet devront être positionnées devant les tourillons.
Cependant, les matériaux nécessaires à la construction d'un vaisseau (entre autres) coûtent cher,
tout comme d'ailleurs le travail réalisé par les différents corps de métiers intervenants sur ce type de chantier.
Les fonderies, gourmandes de bois pour leurs hauts fourneaux commencent à manquer, d'autant que certaines des plus grosses forêts
dans lesquelles elles étaient autoriser à prélever leur source d'énergie ne se sont pas encore relevé des dommages causés
par maladies quelques années auparavant.
Je ne vais pas détailler ici toute cette problématique d'approvisionnement en matériel de construction,
ce serait long, fastidieux et n'apporterait rien de plus à ton sujet, d'autant que les ouvrages et documents liés à ces problématiques
se trouvent à foison, y compris en accès gratuit.
Toujours est-il qu'en ces temps, comme en d'autres d'ailleurs, l'heure est loin d'être au gaspillage, et ce n'est pas parce qu'une
ordonnance précise que :" ... dorénavant les chevilles à mentonnet ... bla bla bla ... " que cette même ordonnance est suivie
d'effets immédiats et que l'on balance par dessus bord ou que l'on cafute tout ce qui serait en contradiction avec ladîte ordonnance,
que nenni, on continue à utiliser le "vieux" matériel présent dans les arsenaux, celui récupéré lors des opérations de radoubs,
celui amassé lors des prises de guerre, etc etc ... et plus généralement tout ce qui est encore apte au service, et ce faisant,
même sur la construction en cours d'un bâtiment.
Jean Boudriot, qui ne se contentait pas d'étudier QUE la construction navale mais s'intéressait également à toute sa périphérie,
nous donne donc une petite leçon d'histoire en nous rappelant simplement ce que je viens juste de décrire plus haut,
soit que les arsenaux regorgeaient de matériel qu'il n'était absolument pas question de jeter.
Ton affût Greg, n'est donc pas conforme aux ordonnances de la période, MAIS il est bel et bien correct car il fait partie
du "vieux" matériel que l'on trouvait sur les vaisseaux en cette période de normalisation.
Il n'était également pas rare de trouver en cette période, des calibres différents sur une même batterie, toujours pour les mêmes
raisons de :"on ne gaspille pas, on utilise jusqu'au bout" ... seules les nouvelles fabrications étaient elles soumises à ces normes.
Je n'ai pas la chance d'avoir sous la main une ordonnance ou un document suffisamment explicite
qui indiquerait une obligation d'utiliser cette ancien matériel, mais cette petite étude ne laisse entrevoir aucune autre possibilité.
Eh oui, je sais mon texte est encore un peu long ... mais c'est de l'histoire et la nôtre est riche
Il me serait gré que Jean-Claude, Jean-Noël, Jean-Jacques (mince, je viens de remarquer qu'on est envahi par les Jeans de tous bords
)
et tous ceux d'ailleurs qui auraient des informations, passent par ici échanger sur le sujet