J'en rajoute une couche.
Les galères, navires méditerranéens par excellence - Antiquité & Byzance
Galère Réale française d'époque moderne ; remarquer les voiles triangulaires, qui sont un apport de la marine arabe médiévale et différencient les galères médiévales et modernes de leurs ancêtres antiques.
Les galères ont sillonné la Méditerranée depuis l'Antiquité jusqu'au XIXe s. Elles ont été les navires de guerre des Grecs, des Romains, des Byzantins, mais aussi des Arabes et des Turcs en Méditerranée. Dotées de voiles, leur force motrice principale était cependant la rame, d'où la multiplication de rangs de rames au fil du temps. Leur arme la plus redoutable est à l'origine l'éperon1 situé à l'avant et des manoeuvres complexes caractérisaient les batailles navales opposant des galères. L'autre technique était l'abordage, car des troupes étaient embarquées. Dès l'Antiquité, on eut l'idée d'y embarquer aussi des engins de guerre. Plus tard, elles furent dotées d'artillerie légère. Les galères ont survécu durant des siècles, même après l'invention d'autres navires plus puissants et rapides. La dernière grande bataille navale de galères en Méditerranée est la fameuse bataille de Lépante (1571), opposant une coaltion chrétienne à la flotte ottomane. Après Lépante, elles servent surtout de démonstration de puissance et pour l'apparat. Enfin, les galères, c'est aussi l'histoire de l'esclavage naval, le sort terrible qu'ont connu des milliers d'hommes tant en terre chrétienne que dans l'empire ottoman.
Restitution d'une trière grecque, avec sa grande voile carrée et l'oeil protecteur caractéristique peint sur la proue.
Ce sont les Grecs qui sont à l'origine de la galère méditerranéenne. A partir du VIe s. av. JC, c'est la trière2 qui s'impose comme navire de guerre par excellence en Méditerranée ; elle mesure plus de 30 m pour environ 5 m de large, avec 170 rameurs répartis sur 3 rangs, et un équipage total autour de 200 hommes. La victoire navale grecque de Salamine (480 av. JC) sur une flotte perse pourtant supérieure en nombre prouve l'efficacité des galères grecques. Durant la période hellénistique, on expérimente des types de galères lourdes pouvant aller jusqu'à 16 rangs de rames, et Alexandre le Grand est le premier à embarquer des catapultes.
Restitution d'une trirème romaine, avec à l'avant son corbeau, sa grande voile carrée et le "château" situé vers l'arrière.
Les Romains, quant à eux, reprennent dès l'époque des guerres puniques le modèle de la trière, plus rapide et plus mobile : lors de la bataille navale d'Actium (31 av. JC), la victoire des trirèmes d'Octave sur les galères lourdes ptolémaïques de Marc-Antoine démontre la supériorité de la trirème romaine. La principale invention romaine est le corbeau, pont mobile qui peut être abattu sur le navire ennemi pour faciliter l'abordage. Si les rameurs grecs étaient des hommes libres, les Romains, eux, sont les premiers à employer pour cet usage des esclaves ou des condamnés.
Restitution d'un dromon byzantin antérieur à l'introduction de la voile triangulaire d'origine arabe, avec ses deux rangs de rames, ses deux voiles et son "château" situé au centre.
Les Byzantins conservent eux aussi les galères jusqu'au XIIe s. , en développant plusieurs types. Le plus courant est le dromon, avec des dimensions de 30 à 50 m de long pour 5 à 7 m de large, 2 rangs de rames, pour un équipage total de 300 hommes. Il est souvent équipé de feu grégeois3 et de catapultes, qui en font un navire de guerre redoutable, et blindé de plaques de métal contre les tentatives d'éperonnage. C'est d'ailleurs du byzantin " galea ", qui désigne un dromon de taille moyenne, que vient le nom " galère ". Dans un même temps, les villes italiennes constituent leurs propres flottes de galères, birèmes4 ou trirèmes.