Coucou, me revoilou
Alors qu'en Europe, la flotte combinée Franco-espagnole franchit le goulet de Brest pour sa croisière ,Suffren , à la même date va s'expliquer pour la troisième fois avec le même adversaire, l'amiral Hugues. Le combat va opposer 11 navires de part et d'autre, avec une légère puissance de feu coté anglais. Petit détail qu'il ne faut pas oublier, les 64 canons anglais ont du 18 livres à leur deuxième batterie ( les Français n'ont que du 12 ), et l'ennemi possèdent des caronades ( non comptabilisées dans l'armement), que nous n'avons pas. L' Ajax endommagé ne participera pas à l'action, ce qui fera un navire de moins. A 7 heures, la ligne anglaise pique sur la Française selon un angle assez aigu ( en V ),ce qui implique que les six premiers vaisseaux de chaque formation devront attaquer selon les instructions leur vis à vis dans la ligne adverse.
Suffren vire face au vent et repart ribord amures, Hugues suspend son attaque.
L'escadre française à le fameux navire rouge ( Red ship) à sa tète: le Flamand
Le Flamand ( future navire rouge, ici armé en flute, c'est à dire ,son artillerie à la serre ,non utilisable, le navire est transformé en transport de matériel et de soldats
Le même navire, profil colorisé par Mr H Simoni
suivi de l' Annibal, du Brillant, du Héros, du Sphinx, du Sévère, du Petit Annibal, de l' Artésien, du Vengeur, du Bizarre et de l' Orient.
La flotte anglaise est menée par l'Exeter, le Hero, l'Isis , le Burford, le Sultan ,le Superb , le Monarca , le Worcester , le Monmouth , l' Eagle et le Magnanime.
L'escadre anglaise est en retrait de la ligne française, voyant cela Suffren en voie l' Orient ( 74 ) renforcer l' arrière garde. Les Anglais ont leur part de désagréments, une collision ayant eu lieu envoyant le Hero devant l' Exeter, d'où un désordre dans l'arrière garde. Un pavillon rouge et blanc monte aux drisses du Héros de Suffren signalant d'ouvrir le feu. Les deux adversaires s'affrontent en V.
Le combat de Negapatam le 6 juillet 1782
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" Mother Hugues " essaye de " coiffer " le Flamand par ses deux vaisseaux de tète, le Hero ( 74 ) et l' Exeter de 64. Ils sont reçus avec les honneurs et sérieusement poivrés. Le Hero y perd son gouvernail et doit quitter la ligne ,l'Exeter quitte son poste sans autorisation...
Bien entendu, le triste Tromelin commandant l' Annibal de 74 n' a strictement rien fait pour soutenir le Flamand son matelot d'avant. Ce valeureux navire perdit plus de 80 hommes sous un déluge de boulets et mitraille et doit abandonner son poste. Le petit Annibal de 50 pièces affront l' Isis de même force qui est soutenu par le Burford de 70. Mais ce navire reçoit les bordées du Sévère.
Le Brillant, commandé par Mr de Saint Félix est matelot d'avant du Héros de Suffren ( honneur redoutable ). C'est avec une grande détermination que ce 64 canons va soutenir pendant deux heures les bordées dévastatrices de trois 74 ( Sultan ,Hero et le navire amiral de Hugues, le Hero ). Le Hero, tres endommagé par les tirs du Flamand du se retirer en tres mauvais état et mis le cap sur Negapatam . Malgré la chute de son grand mat et la perte d'une partie de son équipage ( 47 morts et 140 blessés plus ou moins gravement),Saint Félix tient son poste. Les pertes à son bord sont les plus élevées des deux escadres !
Hugues ne parvient donc pas à couper la ligne. Suffren parvient à dégager le Brillant faisant un feu d'enfer sur le Sultan. Le Sphinx, matelot arrière du Héros suivait fidèlement son amiral en tirant sur le Superb déjà bien abimé. Le Sévère ( 64 ), s'expliquait toujours avec le Burford. En partie démâté, le Brillant se laissa glisser vers l'arrière de la ligne française qui n'est pas engagée et donc intacte.
L' Annibal de Tromelin, l'Artésien, le Vengeur , le Bizarre et l' Orient ne manifestent guère d'agressivité marquée, faisant beaucoup de fumée et tirant de trop loin pour être efficace. A 13 h le vent forcit et passe au sud sud-est jetant la pagaille dans l'escadre. Suffren ordonne de virer lof pour lof, c'est à dire à 180 degrés. Il a maintenant le vent en poupe. Mais le Brillant tres endommagé par son engagement précédent ne peux exécuter la manœuvre et dérive vers la ligne anglaise. Quatre vaisseaux anglais deviennent menaçants ,en particulier le Worcester et l'Eagle. Mais le Héros et le Vengeur repoussent les téméraires et dégagent Saint Félix. Le désordre est général, les changements de cap, le vent, les vaisseaux endommagés dérivant , la fumée et les signaux mal perçus y contribuent largement. Chaque vaisseau tirait au hazard d'une rencontre sur l'adversaire aperçu. Le Héros de Suffren profita de l'un de ces hasards pour envoyer une terrible et violente bordée d'enfilade sur la poupe du Superb de Hugues tuant net Mac Lellan son commandant qui tomba aux pieds de son amiral.
Le Monarca est écrasé sous un déluge de feu et n'est plus maitre de ses manœuvres, le Worcester ne vaut guère mieux. Vers 15 h le feu cessa de part et d'autre. Les deux amiraux hissèrent les pavillons pour regrouper leurs navires et remettre un semblant d'ordre. A 15 h 30 ,Hugues fit retraite sur Negapatam tout e narguant les Français en jetant l'ancre au vent de leurs navires entre Negapatam et Naour. Malgré les bordées de provocations, les injures et jurons de notre bouillant tropézien, l'escadre anglaise ne bougera plus.
Finalement, ne pouvant approcher plus avant la flotte française mouilla vers 18 h ,sous le vent au large de Karikal ( 60 000 au sud de Pondichéry). L'escadre française déplorait 412 morts et entre 602 et 779 blessés. Les Anglais comptaient officiellement 77 tués et de 233 à 300 blessés......
Prochain épisode; Suffren règle ses comptes
A suivre Amitiés Jean-Jacques