Spécialement pour Jacques du 56
Extrait de mon article sur la marine française sous la terreur paru dans le numéro71 de Gloire et Empire mars-avril 2017
Nous sommes en pleine mer au large de la Bretagne le 28 mai 1794,soit le 9 prairial du nouveau calendrier républicain.
...............A 10 heures, la Montagne signala de prendre les dispositions de combat sur une seule file.
Même avec l'avantage du vent, la flotte française espère entrainer l'ennemi loin de la route supposée de Van Stabel. En cela, elle respecte la vieille consigne de la Royale: se sacrifier pour sauver le convoi à tous prix.
A bord du Révolutionnaire, à 9h45,on compte 35 voiles parfaitement alignées, dont un cutter courant tribord amure. L'aperçu de prendre les dispositions de combat fut envoyé.
Le manque d'entrainement des équipages se fait sentir. Avec une lenteur désespérante, la disposition demandée est obtenue péniblement vers midi, et encore... La chasse est lancée en lignes parallèles. Les navires se mettent à s'incliner d'une façon importante. Bossoirs et porte-haubans sont couverts d'écume. La gite est forte, on glisse et on s'agrippe aux haubans d'artimon comme on peut.
A l'intérieur des batteries ,on à l'impression d'être au centre d'un filet qui se resserre et ou les poissons tournent et s'entrecroisent de plus en plus vite. Dans la batterie des 36 livres, le danger est double, car les canons commencent à être mis en batterie ,mais du fait de l'inclinaison des ponts, les vagues lèchent dangereusement les sabords. Aussi l'ordre est donné de fermer les mantelets afin d'éviter l'irruption de la mer dans les ouvertures. Le navire ne pourra donc pas se servir de sa principale batterie diminuant d'autant sa puissance de feu.
Sur le pont des 24 livres, les canonniers se bousculent, les mousses courent en apportant les gargousses ,cris et jurons s'entrecroisent, les canons deviennent des êtres vivants entravés entre leurs garants et leurs bragues. Il faut charger, pointer et attendre l'ordre des officiers pour les chefs de pièce de tirer.
..................Les navires anglais peuvent utiliser leurs 32 livres de leurs batteries principales, tandis que les navires français vu la gite, ne peuvent se servir que des 24 livres et 12 livres des ponts supérieurs. Bientôt, nombre de manœuvres sont emportées avec les voiles.
Le Révolutionnaire, par de puissantes bordées ,à obligé ses assaillants à brasser ou à culer. Le Bellérophon est dans un tel état qu'il doit rompre. L'Audacious, désemparé ,a de tels dégâts qu'il met le cap directement sur l'Angleterre.
Abord du Révolutionnaire ,c'est le carnage. Deux trois ponts ,le Marlborough et le Gibraltar,ainsi que la frégate Latona, se joignent à la curée. Il est 20 heures. Dix vaisseaux anglais s'acharnent comme une meute autour d'un cerf. A 21 heures, une balle tue le capitaine Van Dongen. A 23 heures 30 ,les derniers mats s'abattent et le navire dérive au milieu de débris de toutes sortes.
...........Le navire gite fortement et, pour le soulager, on installe un semblant de mature pendant la matinée sur les moignons des mats restants. A midi, les Français voient avec soulagement arriver L'Audacieux ( 74 canons),de l'escadre de Nielly, ainsi que la frégate l'Unité et la corvette Jean Bart .
...........Apres diverses péripéties et beaucoup de difficultés, le Révolutionnaire peut mouiller sur la rade de l'ile d'Aix.
Bon dimanche
Amicalement Jean-Jacques