Bien le bonjour à tous,
Comme annoncé, voici les biographies des trois pilotes dont les montures sont réalisables avec cette boite.
Le box-art représente le SPAD VII de
Paul Franck BAER natif de Fort Wayne, Indiana, (29.01.1894).
Qu'a t'il donc de particulier ce pilote?
Après son apprentissage, il devient mécanicien automobile chez Cadillac à Detroit jusqu'en 1916.
Mais au bout de quatre ans dans le cambouis, la vie est devenue plutôt monotone. Voir du pays, voyager, ah oui!
L'Army recrute, une aubaine. Et le voilà affecté dans le train des équipages de l'armée du Général PERSHING
qui a monté une expédition punitive contre les troupes de Pancho VILLA:
Notre mécano a sans doute été séduit par la poignée de CURTISS qui assurent la reconnaissance, les liaisons et les bombardements.
A l'entrée en guerre des Etats-Unis contre l'Allemagne, le "Lafayette Flying Corps" cherche des volontaires pour la France. Il n'hésite pas longtemps.
Les aviateurs américains n'ont alors plus l'obligation de passer par la Légion mais ils doivent cependant apprendre le Français.
Après sa formation, il est affecté en août 1917 à l'escadrille SPA 80 où il reste jusqu'en janvier 1918 quand enfin il peut intégrer la N124, la fameuse "Escadrille Lafayette".
Son visage poupin exprime une réelle gentillesse; sa timidité cache une volonté et une rigueur vite reconnues et appréciées de ses homologues et de ses chefs.
De plus il est le seul jeune pilote à n'avoir eu aucun accident ni blessure.
Le mois suivant est créé le 103rd Aero Squadron qui reprend les traditions de la N124, ses pilotes et ses avions, et se voit attribuer des SPAD XIII en complément des SPAD VII.
Les combats sont féroces au sol et dans les airs. En effet, suite à l'armistice conclu avec la Russie, les Allemands disposent de nombreuses divisions qu'ils lancent dans l'offensive des Flandres.
C'est le 11 mars 1918 qu'un Albatros fait les frais de l'habileté de BAER.
Dès lors en deux mois et demi, il enchaîne victoire sur victoire: 9 homologuées (dont 2 en collaboration) et 7 probables (obtenues au-dessus des lignes allemandes) d'abord sur son SPAD VII puis sur SPAD XIII aux couleurs du 103rd, comme celui du Cne Soubiran:
Le 21 mai 1918, avec le Lt Wilcox il attaque une formation de six Albatros et en abat un.
Le lendemain, la météo n'est pas fameuse, nuages gris, pluie, mais n'empêche pas la première mission du matin; vers 9h, le 1st Lieutenant mène une patrouille de cinq SPAD (les 1st Lieutenants Wilcox, Giroux, Turnure et Dugan) sur les lignes ennemies aux environs d'Armentières.
A 5000 mètres au-dessus d'Armentières, entre les nuages, les pilotes repèrent cinq Albatros environ 1000 mètres plus bas.
Coup d’œil circulaire, signes de la main, bref battement d'ailes et Baer, flanqué de Giroux comme ailier, plonge sans hésitation et abat un Allemand.
Mais plus haut trois autres Albatros ont fait leur apparition et tentent de les coiffer. Baer Et Giroux grimpent brutalement tandis que les trois autres SPAD foncent à leur tour.
En un instant c'est la mêlée générale, les mitrailleuses crachent. Le SPAD de Giroux se cabre soudain puis tombe en fumant.
Les trois autres Américains bataillent pour éloigner les Albatros et voient l'appareil de Baer piquer à pleine vitesse poursuivi par deux ennemis.
Ils n'ont guère de doute sur la manœuvre: le SPAD XIII, capable d'atteindre 400 km/h en piqué, n'aura aucun mal à semer ses poursuivants.
Ils savent aussi que si la structure du SPAD encaisse une telle accélération, l'entoilage est rapidement épluché par la vitesse. Mais ils ont confiance en la maîtrise de leur chef de patrouille.
Soudain plus personne dans le ciel. Aussi, ayant repris de l'altitude, les trois SPAD cerclent en essayant de distinguer au sol les traces du combat. Rien.
Bientôt à cours de carburant, les trois appareils doivent regagner les lignes alliées, leurs pilotes persuadés que BAER va les rejoindre.
Leur espoir sera vite déçu. Ni Giroux, ni Baer ne réapparaitront.
Au cours du combat, Paul tente de dégager Giroux mais des rafales labourent les flancs de son appareil, sectionnant des câbles de commandes et, bien involontairement, il voit soudain la terre occuper tout son pare-brise.
Plus de 3000 mètres de chute. Mais le SPAD s'est redressé, moteur probablement étouffé, percute un bouquet d'arbres qui le freinent puis, après une série de culbutes, finit par se vautrer dans la boue, près de Laventie.
Des fantassins allemands accourent et, voyant le pilote inanimé, le croient mort et l'extraient sans ménagement des débris.
Miracle, BAER est évanoui et choqué mais il a seulement une jambe cassée et pas mal de plaies et bosses.
Les deux Albatros contre lesquels il vient de combattre passent en rase-motte puis l'un d'un se pose, et son pilote le fait évacuer vers un hôpital militaire.
Ses vainqueurs lui rendent visite à plusieurs reprises, notamment le Gefreiter DEBERITZ qui pense l'avoir touché sans en être certain.
Après la convalescence, la prison dans le nord de l'Allemagne.
Baer tombe sur un officier qui, furieux de voir les décorations sur sa vareuse, lui arrache sa Croix de guerre puis le fait tabasser.
Peu après, il tente de s'évader avec deux aviateurs anglais, mais ils sont rapidement repris. Nouveau passage à tabac. Surveillé de près, il devra attendre la fin de la guerre pour recouvrer la liberté.
Les chasseurs allemands qu'ils ont rencontrés ce jour-là sont
les Albatros de la Jasta18, surnommés les "Red Noses" à cause de leur fuselage coloré en rouge et blanc:
Le commandant RABEN qui a fait peindre un corbeau devenu l'insigne de la Jasta18; l'étoile à trois branches est le logo de Mercedes.
Chaque pilote ajoute sa note personnelle à son appareil.
Les appareils de la J18 à Faches-Thumesnil; le Fokker DrI est le mulet de RABEN
Cette Jasta est considérée comme une unité d'élite et, en quelques semaines, elle est devenue l'adversaire "privilégié" des Américains, en particulier du 103rd Aero Squadron.
Si les landseren allemands ont tendance à prendre les soldats américains pour des rigolos, les aviateurs respectent leurs adversaires américains dont ils éprouvent quotidiennement la combativité et l'habileté.
----------------------------------------------------------------------
Pour ceux qui seraient tentés par la réalisation de ces appareils:
Il s'agit du box-art de la boite Eduard: Franck LUKE aux prises avec le DVII de Gunther von BÜREN.
--------------------------------------------------------------------------
Tout cela est bien beau, allez-vous me dire, mais rien de vraiment exceptionnel chez BAER.
Inconnu en France, célèbre aux Etats-Unis, il est le
PREMIER AS DE L'HISTOIRE DE LA CHASSE AMERICAINE.
Il a, en effet, obtenu toutes ses victoires dans une escadrille américaine sous commandement américain.
A venir: suite et fin de la carrière de BAER, évocation rapide de celle de LUFBERY à qui j'espère consacrer un récit par ailleurs, et enfin le jeune TURNURE.
En attendant, bonne lecture (j'espère)
Amitiés
Jean-Noël