BRAI - Dictionnaire de Marine - 1702 - P. Brunel
Définition : (texte réadapté en Français actuel)
BRAI, bray, tare, goudron, goldron, gouldron, goudran, arcançon, fausse colophane, zopissa, poix navale.
C’est un mélange de résine, de gomme et autres matières gluantes, qui lorsqu'on le chauffe devient gras, noir et poiseux,
pour finir sec et dur en refroidissant.
On en imbibe le bois et les cordages des vaisseaux afin qu’ils résistent mieux à l’eau, au vent et à l’ardeur du soleil.
Le Brai doit avoir le grain fin et liquide, sans être brûlé ni mêlé de crasse ou d’eau.
Il y en a de deux sortes : le Brai liquide et le Brai sec.
- Le Brai liquide est une liqueur épaisse qui varie du jaune clair au noir selon sa pureté.
On nous la livre principalement de Suède, de Norvège, de Dantzig et de Bayonne.
On a longtemps cru que le Brai se faisait en brûlant les Pins en des lieux clos,
mais Pomet assure dans son ouvrage "Histoire des Drogues", que le Brai s'écoule du tronc
des vieux Pins et Sapins dont on a séparé l’écorce et auxquels on a fait des incisions.
Le Brai liquide est également appelé tare ou goudron.
- Le Brai sec est une matière noire, sèche, cassante, luisante, qui reste au fond des alambics ou cornues,
après qu’on a tiré par la distillation l’huile de la térébenthine ou du barras.
On l’appelle aussi arcançon ou fausse colophane. Bon nombre d'ouvriers l'utilisent.
Les Calfats le font fondre pour l’appliquer sur les couches d’étoupe dont ils remplissent
les jointures des planches qui composent le bordage du vaisseau.
Les Arsenaux de France reçoivent du Brai de pays étrangers et notamment de Stockholm.
Celui de Weybourg, livré en barils de chêne marqués d'un W couronné est le plus apprécié,
mais celui distillé en France est toujours préféré dans les Arsenaux du Royaume.
Le Brai le plus utile pour la conservation des vaisseaux et qui sert surtout à couvrir les coutures,
est réalisé avec du goudron recuit qui s’épaissit en refroidissant et qui perd donc sa fluidité.
Il faut prendre garde à ne pas mettre le Brai trop épais sur les vaisseaux, surtout à l'intérieur,
car il empêche l'humidité qui corrompt le bois de s'évaporer.
On ne doit pas l'utiliser pour l'intérieur et le dessus des bâtiments qui vont à la pêche aux harengs
vers la Saint Jean d’Été, parce que l’eau des fréquents coups de mer qui y entre, finit par détremper
le Brai et le hareng en prend le goût.
Le Brai dont on frotte l'extérieur et les hauts des vaisseaux pour empêcher le bois de se fendre
et de pourrir, nous vient de Moscovie et de Suède.
On le tire du bois qui n‘est pas propre à mettre en oeuvre en le brûlant pour en extraire une sorte de liqueur.
On l'apporte dans des tonneaux assez étroits et on le vend par leste ou douze tonneaux.
Cependant comme les tonneaux ne sont jamais pleins, on en donne treize pour douze.
Sa couleur fait juger de sa pureté. Le meilleur est celui qui est le plus clair,
et dont la couleur tire le plus sur le jaune. Plus le Brai est dur et clair, plus il est cher.
Le Brai de Weybourg valait à Amsterdam, à la fin de l'an 1700, 20 à 21 livre de gros le leste,
c’est à dire, six-vingts à six-vingts six livres.
Celui de Moscovie valait 20 à 21 livres dix sous de gros.
Celui de Stockholm 19 à 20 livres dix sous de gros.
Les Normands et les Picards disent tare au lieu de Brai ou goudron, terme emprunté aux Hollandais.
La dernière Ordonnance de Marine n'utilise plus le mot Brai mais dit Goldron et Goldronner.
Voici comment se fait le zopissa ou poix navale qui entre dans la composition du Brai :
On prend de vieux pins entièrement convertis en torches que l’on met en pièces
comme si on en voulait faire du charbon.
Ensuite on fait une aire un peu élevée et voûtée au milieu qui penche également vers ses extrémités.
Cette aire est cimentée et pavée de plâtre afin que la liqueur que doit rendre la torche de pin puisse
plus facilement couler jusqu'au canal qui environne cette aire.
On dispose les pièces de torche en forme de bûcher, ensuite on couvre et on entoure ce bûcher
de branches de pesses et de sapin, après quoi on le bouche avec de la terre afin qu’il n’en puisse sortir,
ni fumée, ni flamme.
Cela étant fait, on y met le feu par un trou qui est à la cime, ainsi qu’on le fait pour le charbon.
La flamme qui ne peut s’échapper fournit alors une chaleur plus vive au tas de bois qui est amassé,
ce qui fait fondre la poix qui s'écoule par le pavé de l’aire dans le canal dont elle est environnée,
qui alimente à son tours en poix, d'autres canaux creusés dans la terre et munis de lais pour que
le liquide reste le plus pur possible sans se mêler à la terre.
Lorsque le bûcher s'affaisse et que la poix ne s'écoule plus, cela signifie que l'ouvrage est terminé.
Quand le zopissa reste pur, légèrement jaunâtre, sans être mélangé avec la suie des branches
dont il s'écoule et la terre, on le nomme poix navale, mais quand il est mêlé à la suie,
il n'est plus aussi pur et s’appelle alors simplement poix.
Définition : (texte réadapté en Français actuel)
BRAI, bray, tare, goudron, goldron, gouldron, goudran, arcançon, fausse colophane, zopissa, poix navale.
C’est un mélange de résine, de gomme et autres matières gluantes, qui lorsqu'on le chauffe devient gras, noir et poiseux,
pour finir sec et dur en refroidissant.
On en imbibe le bois et les cordages des vaisseaux afin qu’ils résistent mieux à l’eau, au vent et à l’ardeur du soleil.
Le Brai doit avoir le grain fin et liquide, sans être brûlé ni mêlé de crasse ou d’eau.
Il y en a de deux sortes : le Brai liquide et le Brai sec.
- Le Brai liquide est une liqueur épaisse qui varie du jaune clair au noir selon sa pureté.
On nous la livre principalement de Suède, de Norvège, de Dantzig et de Bayonne.
On a longtemps cru que le Brai se faisait en brûlant les Pins en des lieux clos,
mais Pomet assure dans son ouvrage "Histoire des Drogues", que le Brai s'écoule du tronc
des vieux Pins et Sapins dont on a séparé l’écorce et auxquels on a fait des incisions.
Le Brai liquide est également appelé tare ou goudron.
- Le Brai sec est une matière noire, sèche, cassante, luisante, qui reste au fond des alambics ou cornues,
après qu’on a tiré par la distillation l’huile de la térébenthine ou du barras.
On l’appelle aussi arcançon ou fausse colophane. Bon nombre d'ouvriers l'utilisent.
Les Calfats le font fondre pour l’appliquer sur les couches d’étoupe dont ils remplissent
les jointures des planches qui composent le bordage du vaisseau.
Les Arsenaux de France reçoivent du Brai de pays étrangers et notamment de Stockholm.
Celui de Weybourg, livré en barils de chêne marqués d'un W couronné est le plus apprécié,
mais celui distillé en France est toujours préféré dans les Arsenaux du Royaume.
Le Brai le plus utile pour la conservation des vaisseaux et qui sert surtout à couvrir les coutures,
est réalisé avec du goudron recuit qui s’épaissit en refroidissant et qui perd donc sa fluidité.
Il faut prendre garde à ne pas mettre le Brai trop épais sur les vaisseaux, surtout à l'intérieur,
car il empêche l'humidité qui corrompt le bois de s'évaporer.
On ne doit pas l'utiliser pour l'intérieur et le dessus des bâtiments qui vont à la pêche aux harengs
vers la Saint Jean d’Été, parce que l’eau des fréquents coups de mer qui y entre, finit par détremper
le Brai et le hareng en prend le goût.
Le Brai dont on frotte l'extérieur et les hauts des vaisseaux pour empêcher le bois de se fendre
et de pourrir, nous vient de Moscovie et de Suède.
On le tire du bois qui n‘est pas propre à mettre en oeuvre en le brûlant pour en extraire une sorte de liqueur.
On l'apporte dans des tonneaux assez étroits et on le vend par leste ou douze tonneaux.
Cependant comme les tonneaux ne sont jamais pleins, on en donne treize pour douze.
Sa couleur fait juger de sa pureté. Le meilleur est celui qui est le plus clair,
et dont la couleur tire le plus sur le jaune. Plus le Brai est dur et clair, plus il est cher.
Le Brai de Weybourg valait à Amsterdam, à la fin de l'an 1700, 20 à 21 livre de gros le leste,
c’est à dire, six-vingts à six-vingts six livres.
Celui de Moscovie valait 20 à 21 livres dix sous de gros.
Celui de Stockholm 19 à 20 livres dix sous de gros.
Les Normands et les Picards disent tare au lieu de Brai ou goudron, terme emprunté aux Hollandais.
La dernière Ordonnance de Marine n'utilise plus le mot Brai mais dit Goldron et Goldronner.
Voici comment se fait le zopissa ou poix navale qui entre dans la composition du Brai :
On prend de vieux pins entièrement convertis en torches que l’on met en pièces
comme si on en voulait faire du charbon.
Ensuite on fait une aire un peu élevée et voûtée au milieu qui penche également vers ses extrémités.
Cette aire est cimentée et pavée de plâtre afin que la liqueur que doit rendre la torche de pin puisse
plus facilement couler jusqu'au canal qui environne cette aire.
On dispose les pièces de torche en forme de bûcher, ensuite on couvre et on entoure ce bûcher
de branches de pesses et de sapin, après quoi on le bouche avec de la terre afin qu’il n’en puisse sortir,
ni fumée, ni flamme.
Cela étant fait, on y met le feu par un trou qui est à la cime, ainsi qu’on le fait pour le charbon.
La flamme qui ne peut s’échapper fournit alors une chaleur plus vive au tas de bois qui est amassé,
ce qui fait fondre la poix qui s'écoule par le pavé de l’aire dans le canal dont elle est environnée,
qui alimente à son tours en poix, d'autres canaux creusés dans la terre et munis de lais pour que
le liquide reste le plus pur possible sans se mêler à la terre.
Lorsque le bûcher s'affaisse et que la poix ne s'écoule plus, cela signifie que l'ouvrage est terminé.
Quand le zopissa reste pur, légèrement jaunâtre, sans être mélangé avec la suie des branches
dont il s'écoule et la terre, on le nomme poix navale, mais quand il est mêlé à la suie,
il n'est plus aussi pur et s’appelle alors simplement poix.