A la recherche du L.270

Tout part d'une vieille carte postale montrant un chalutier à vapeur dont la construction serait probablement antérieure aux années 1920, clairement identifiable par son immatriculation L.270 qui pose questions :

1) le seul "L" (et non "LO") correspondrait il à une ancienne désignation du Quartier Maritime de Lorient ?
2) le nom correspondant à cette immatriculation est-il bien celui de "Le Marsouin" ?

... sachant que :

- ce bateau aurait eu un sistership revendu à sa sortie de chantier (peut-être Hull ?) par son premier commanditaire à un armement de La Rochelle (?)
- que les deux navires, réquisitionnés par la Marine Nationale sous leurs noms et immatriculations d'origine (?) auraient été coulés lors d'évacuation(s) de port(s) de la côte Ouest auxquelles ils auraient participé.

Toute information serait la bienvenue
Pouvez-vous m'aider ?
Merci.

La marque "L" vaut bien pour le Quartier Maritime de Lorient avant guerre(s) comme cet étonnant petit film le démontre:

https://www.dailymotion.com/video/x198752

Au delà de cette certitude le mystère demeure à propos du L.270, provisoirement j'espère.

Dans l'attente d'un retour des Archives du Musée Maritime de Lorient le document établi par Michel Perrin "PERTES DE THONIERS ET CHALUTIERS  SUBIES DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE DANS LE QUARTIER MARITIME DE LORIENT" parait établir que la disparition du L.270 ne remonterait pas à la seconde guerre mondiale - sauf erreur sur le nom du bateau (?) - mais donc à la première par élimination (???).

https://www.sahpl.asso.fr/SITE_SAHPL/bulletins/bulletin44/44-07-Perrin-Pertes-de-thoniers-et-chalutiers-2e-Guerre-mondiale-quartier-maritime-Lorient.pdf

Je suis pourtant certain d'avoir lu quelque chose sur ces deux navires mais à l'époque je n'avais pas cru bon noter la référence qui me manque aujourd'hui.

Très intéressant ce petit film.

Petite lueur d'espoir car il y a bien un "Marsouin" inscrit pour la période 1915-1919 dans la liste des Patrouilleurs Auxiliaires publiée par le Forum PAGES 14-18, rubrique Marine. S'il s'agit du bon bateau, cela signifierait que le L.270 aurait survécu au premier conflit, ce serait déjà çà (!).

J'ai donc envoyé là aussi un appel aux bonnes volontés.
Attendons déjà la publication officielle du message soumis à autorisation préalable pour voir ce qu'il en sortira, sait-on jamais.

... ça n"aura pas traîné ! Message autorisé sur PAGES 14-18 :

https://forum.pages14-18.com/viewtopic.php?f=86&t=76837

(affaire à suivre...)

Des nouvelles du vaisseau pas si "fantôme" que çà...
Merci à Rutillius du Forum PAGES 14-18 pour ces précisions.

MARSOUIN-II ― Patrouilleur auxiliaire (1915∽1919).

Le patrouilleur auxiliaire Marsouin-II fut administrativement considéré comme bâtiment armé en guerre du 30 avril 1915 au 16 décembre 1919.

[Circulaire du 25 avril 1922 établissant la Liste des bâtiments et formations ayant acquis, du 3 août 1914 au 24 octobre 1919, le bénéfice du double en sus de la durée du service effectif (Loi du 16 avril 1920, art. 10, 12, 13.), §. A. Bâtiments de guerre et de commerce. : Bull. off. Marine 1922, n° 14, p. 720 et 754.]

Du 11 avril au 28 mai 1916, il contribua au transport de l’armée serbe de Corfou à Salonique (Circulaire du 17 décembre 1931 relative à l’attribution de la Médaille commémorative serbe aux personnels militaires et civils de la marine, Annexe I., Partie I., §. C. : J.O. 20 déc. 1931, p. 12.904 et 12.905). Avec le patrouilleur auxiliaire Requin-II, il fut alors affecté à la protection de la rade et du barrage de Corfou, confiée au contre-amiral Paul Albert de GEYDON [Lieutenant de vaisseau André Camille Gabriel Gustave FAUVE : « Le transport de l’armée serbe de Corfou à Salonique en 1916 », École de guerre navale, Session 1935∽1936, 34 p. + III annexes ― Spécialement p. 18.].

On avance... espérant que MARSOUIN-II est bien "LE" Marsouin dont il s'agit ici.

Dans le Forum POSTE NAVALE MILITAIRE on trouve bien sous le nom de MARSOUIN II un article de Capitaine Patrick donnant d'autres précisions :

https://www.postenavalemilitaire.com/t9659-marsouin-ii-1939-1941

HISTORIQUE
Chalutier réquisitionné par la Royale en août 1939, il est déréquisitionné en novembre 1940 puis réquisitionné de nouveau en mars 1941 sous l'appellation de VP 14 comme Bâtiment d'Expérimentation de drague magnétique puis à partir de 1942 comme Bâtiment de Servitude à Alger.

CARACTERISTIQUES
Type : Chalutier
N° de coque : AD268
Réquisitionné: 29 août 1939 et le 11 mars 1941
Déréquisitionné : Novembre 1940 et le 20 août 1945
Autre nom : VP 14
Déplacement : 110 tonnes
Longueur : 22 mètres
Maître-bau : +++
Tirant d'eau : +++
Puissance : 150 cv
Vitesse : +++
Equipage : +++
Armement : 1 canon de 75 mm

... mais la carrière de ce Marsouin "bis" se poursuivant au-delà de 1940 (date présumée de la perte du L.270) je crains que la piste "MARSOUIN II" ne soit pas la bonne à moins qu'il y ait eu une erreur faite en 1940 lors de sa supposée dé-réquisition ou une confusion en 1941 lors de sa re-réquisition, ce qui parait peu probable compte tenu des détails apportés.

On notera qu'un sous-marin nommé tantôt "Marsouin II" tantôt "Le Marsouin" a été lancé en 1955 :
http://sous.marins.disparus.free.fr/index.php/sources/99-marsouin-ii?showall=1

Scène d'avitaillement en rade de Corfou en 1916...
 
https://imagesdefense.gouv.fr/fr/en-rade-de-corfou-transport-de-denrees-pour-gorino-legende-d-origine.html



Serait-ce le MARSOUIN II ou le REQUIN II en rade de Corfou ? Sans canon de chasse de 75mm c'est non, un autochtone peut-être...

En tout cas peu de chance qu'il s'agisse du L.270 qui est de toute façon plus long que les 22 mètres annoncés pour ces navires, de plus la timonerie parait plus avancée et la manche à air chaudière beaucoup moins haute.

Comme on dit : plus ça change plus ça continue...

Trouvé dans Net-Marine "Bâtiments ayant porté le nom de Marsouin" ce texte apparemment anodin :


A noter également un arraisonneur-dragueur (1939 - 1941), ex chalutier Marsouin qui, réquisitionné à Alger le 29 août 1939, porta le nom de Marsouin II. Renommé VP14 le 12 août 1940, il fera l'expérimentation d'un nouveau type de drague magnétique avec flotteurs en caoutchouc mousse, puis reprendra partiellement la pêche au chalut pour le ravitaillement en poisson de la Marine à Alger. Il est déréquisitionné le 20 août 1945.
(Caractéristiques : 110 t ; 150 cv ; 22 m ; I.75 ; Symb. de coque : AD268).

Texte : Net-Marine
Pour en savoir plus : Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre de Colbert à nos jours


Je note que ce MARSOUIN II n'est pas l'ex MARSOUIN (2) ou même un autre MARSOUIN II mais un ex chalutier nommé Marsouin tout court.

Avant de poursuivre si possible plus avant ce sujet et afin d'illustrer une part des difficultés rencontrées dans la lente recherche de l'histoire d'un navire au gré des moultes péripéties qu'il a pu rencontrer, les tenants et aboutissants de la "propriété quirataire"  - de la "propriété quiritaire" en Droit Romain - ne peuvent ni ne doivent être négligés.

Extraits du site "la langue française"
https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/quirataire

DEFINITION DE QUIRATAIRE - Littré 1872-1877

Copropriétaire d'un navire indivis, celui qui possède un ou plusieurs quirats.

CITATIONS

Qu'en est il du sort de la copropriété des quirataires, propriétaires d'un navire, lorsque la copropriété est en cessation des paiements? quelles sont les conséquences pour chacun des copropriétaires du navire autrement appelés quirataires ? - Juritravail, Quirat, quirataire et liquidation judiciaire

Un lien particulier se crée entre les marins et les bistrotières, qui deviennent pour beaucoup quirataires des navires, c’est-à-dire détenant une part de propriété. « Dans la pêche artisanale, chaque équipage a son bistro, la patronne s’en occupe avec attention, jouant presque le rôle de banque en gardant la caisse de secours », décrit Kelig-Yann Cotto, le conservateur du Port-Musée. - Le Télégrammes, Port-Musée. "Bistro", une exposition grisante - Le Télégramme Soir

Dans les années 50, le bistro est l’annexe du navire. Les marins viennent y chercher leur paie. « Les tenancières jouent un peu le rôle de banquière. Elles assurent aussi le ravitaillement des navires, payent les fournisseurs… Elles peuvent même prendre une part dans le navire : le quirataire », informe Kelig-Yann Cotto. - , Nouvelle exposition au Port-musée de Douarnenez : les bistros, véritables annexes des navires | Côté Quimper



On comprendra combien les naufrages, faillites, successions, donations  et ventes de quirats ont pu singulièrement occuper et occupent encore avocats, notaires, administrations. ... et historiens.