C'est un beau jour pour mourir
Le Redoutable se tenait beaupré sur poupe derrière le Bucentaure de 80, navire amiral de la flotte combinée franco-espagnole.
Plusieurs fois,l'amiral avait signalé a son matelot d'arrière qu'il était trop prés,et qu'il risquait d'engager son bout-dehors dans la galerie de son tableau de poupe. Mais le commandant Lucas tenait son navire avec maîtrise. La masse imposante du Victory et la force d’inertie fit que le navire amiral anglais aborda le 74 canons français de long en long après avoir envoyé au passage une terrible bordée d'enfilade dans la poupe du Bucentaure qui ne pouvait répliquer,lui démontant la majorité de ses canons, et les canonniers aux trois quarts massacrés.. Accrochés dans une étreinte qui s'avéra mortelle,le Victory et le Redoutable dérivèrent, laissant une brèche ou s'engouffrèrent les navires anglais suivant leur amiral. Au passage, ils continuèrent a massacrer le Bucentaure en le transformant en épave.
Le Victory,trois ponts , 120 canons domine le Redoutable qui n'en a que deux;mais c'est un rude adversaire. Nelson à la malchance de tomber sur un navire dont le commandant a su insuffler à son équipage un esprit d'équipe,de combativité et un entrainement le plus élevé de la flotte.
Le commandant Lucas est un petit homme de 1 m 50 qui a débuté comme pilote et que la révolution a tiré des rangs subalternes.Il était a bord de l'Hermione avec Lafayette sous Latouche -Tréville durant la campagne d'indépendance américaine. Sa politesses est exquise,son sang-froid imperturbable,son courage a toutes épreuves. Il donne ses ordres avec calmes à son équipage qui les exécute comme a l'entrainement. Durant l'approche du Victory , les canonniers du Redoutable réussirent a couper la vergue du petit hunier de leur adversaire. En moins de 15 minutes le navire de Nelson fut démâté de son artimon ,de son mat de hune, e de son grand mat de hunier. Son pont principal fut aussi balayé par un feu particulièrement meurtrier de tireurs d'élite.
Le combat avait débuté vers 11 h,et a 13 h ,aucun navire ne s'était encore rendu,la mêlée devint générale.
Le centre du combat est a l'évidence,ce duel extraordinaire, hors du commun qui oppose un 100 canons à un 74.
Le Victory est suivi par un 80 canons le Téméraire ( ex français),loin d'intimider l'équipage du Redoutable ,sa présence décupla au contraire son courage et sa combativité. Le commandant Lucas fit hisser des grappins d'abordage à bout de vergues,montrant une menaçante et froide détermination. le témoignage écrit par le commandant Lucas qui nous est parvenu et conservé dans les archives est formel. Le vaisseau le Victory n'ayant pu parvenir à passer en poupe de l'amiral français,il nous aborda de long en long,nous débordant de l'arrière de manière que notre dunette se trouvait par le travers à la hauteur de son gaillard d'arrière.
Ce témoignage authentique est pourtant en contradiction avec les faits. Malgré tout,la masse du Victory et l'élan donné a celle-ci entraîna le Redoutable malgré lui en dehors de la ligne dans une étreinte mortelle.
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Les grappins furent lancés ;ceux de derrière furent coupés,mais ceux de devant tinrent bon. Les canonniers a moitié asphyxiés tirèrent a bout portant. Il n'y avait rien a faire d'autre qu'a tirer et tirer encore avec rage en jetant des seaux d'eau sur les pièces pour les refroidir Toujours d’après le témoignage du commandant Lucas; en moins d'une minute, au son du tambour,nos gaillards furent couverts d'hommes armés qui se précipitaient vers la dunette,sur les bastingages et dans les haubans. Il me fut impossible de distinguer les plus braves. Notre feu devint tellement supérieur à celui de l'ennemi qu'en moins de 15 minutes,nous fîmes taire celui du Victory . A ce moment précis ,le navire anglais cessa de combattre.Complètement déchaînés,les hommes du Redoutable firent pleuvoir une pluie de plus de 200 grenades sur le pont du Victory avec plein succès.
Le feu particulièrement intense fut tiré par le 16 e d'infanterie de la hune d'artimon vers 13 h 30 et c'est a ce moment la que Nelson fut touché a mort. La balle est entré par l'épaule gauche de haut en bas,fracturée deux cotes pénétrant dans le poumon en sectionnant l'artère pulmonaire, la colonne vertébrale est également touchée. A Hardy son capitaine de pavillon,il murmure:" j'ai le dos traversé,les Français en ont fini avec moi ". Hardy appelle deux marins pour descendre l'amiral au poste des blessés. Tandis que les hommes le descendent le long de l'escalier jusqu'au pont inférieur,Nelson fait observer que les manœuvres de la barre franche ne sont pas encore en place,et qu'il convient d'en aviser Hardy,car le navire ne peux plus être gouverné par la barre a roue du pont supérieur,détruite. Puis il sort un mouchoir de sa poche et s'en couvre le visage afin que l'équipage ne puisse le reconnaître au moment ou tout le monde entend les hommes du Redoutable se préparer a l'assaut final.
Le Redoutable luttant entre le Victory et le Téméraire ( musée de la Marine)
Pour faciliter l'abordage, le commandant Lucas avait fait abaisser la grande vergue au niveau du pont pour qu'elle serve de passerelle pour la compagnie d'assaut qui se massait. L'aspirant Yon suivi du début de la colonne s'élance a l'abordage en criant : " Vive l'Empereur ! Vive Luca ! ". Le Téméraire,matelot d'arrière du Victory,vient a tribord du Redoutable,canonnés sans grande efficacité par des vaisseaux espagnols, le San-Justo,le San-Leandro et par le Neptune français. Le Redoutable est prit entre deux feux,pourtant ,le Victory semble hors de combat et sur le point de succomber. Une tentative d'abordage du Téméraire a été repoussée.
C'est un combat d’apocalypse,La colonne d'assaut du Redoutable s'élance,mais elle est fauchée par les terribles caronades du Téméraire qui transforment le pont en véritable boucherie. Ce ne sont que cries et hurlements . Un troisième vaisseau anglais envoya une bordée d'enfilade dans la poupe du Redoutable . Ruisselant de sang par tous ses dalots ,le Redoutable refusait de se rendre.
Jusqu’a l'ultime
Farouchement les survivants continuèrent de se battre. Laissons le commandant Lucas s'exprimer: " Quiconque n'a pas vu dans cet état,le vaisseau le Redoutable,ne pourra jamais se former une idée de son désastre. Je ne connais rien a bord qui n'est été coupé par les boulets". Au milieu de cet horrible carnage,les braves qui n'avaient pas encore succombé,et ceux,blessés,dont le faux pont était encombré,s'écrillaient encore: " Vive l'Empereur ! Nous ne sommes pas encore pris !".
Le commandant Lucas,blessé,n'a plus que 4 officiers valides sur 26. Le maître calfat vient lui annoncer que l'eau montait dans la cale,et que le navire s'enfonçait. Il ne reste qu'un sixième de l'équipage valide;le batiment est tellement criblé de coups ,que les blessés étaient exposés au tir ennemi. Les pompes sont hors service. C'est alors que le grand mat du Redoutable s’abattit en travers du Téméraire fauchant tout sur son passage. Les deux mats de hunes du Téméraire s'abattirent a leur tour,mais sur le pont du Redoutable . Tous ses canons démontés,les trois quarts de son équipage hors de combat,les irréductibles du Redoutable continuaient le combat. Désespérément,le commandant Lucas du amener les couleurs vers 14 h 30 et fut transféré a bord d'un navire anglais.
Le H. M. S. Swiftsure tenta de remorquer l'épave du Redoutable,mais ce qu'il reste du valeureux navire français va couler le lendemain.
Sur 690 hommes d'équipage,522 sont hors de combat,300 morts,220 blessés gravement soit 80 % de perte.
Le chiffre des pertes humaines anglaises me semble fantaisiste , voir ridiculement faible compte tenue de la furie du combat,je ne les citerai même pas.
Ce fut l'un des plus glorieux combat de la Marine française
Amicalement Jean-Jacques